Principales données biographiques de Émile Jourdan

(1860-1931)

Émile Jourdan : de 1860 à 1894

30 juillet1860. Naissance à Vannes de Emile Jourdan, fils de Prosper Jourdan et d’Aline Paturel. Son père est capitaine de brigade des douanes.

1870-1880. Petit-fils de magistrat, destiné à suivre la carrière, Il parfait des études classiques au lycée de Vannes. Attiré très jeune par le dessin et la peinture il réalise ses premiers tableaux à partir de sujet maritime.

1883. Effectue un voyage en Algérie.

1880-1886. Sa vocation très tôt affirmée, il convainc ses parents de l’inscrire à l’école nationale des beaux-arts de Paris. Il acquiert une formation académique dans l’atelier de Bouguereau et de Tony Robert-Fleury.
Parallèlement il suit les cours de l’académie Julian où il est élu massier de l’atelier. Il revendique fortement ses origines en portant un gilet breton très coloré et un chapeau à guides(Gauguin l’imitera en portant ce même gilet).

1886 ou 1888. Arrive à Pont-Aven et prend pension à l’auberge Gloannec. Là il fera la connaissance de Gauguin qui l’accueille froidement.
( Madeleine Bernard, dans une lettre à son frère cite Jourdan comme pensionnaire à l’auberge.)
Il va rapidement se lier avec la colonie de jeunes artistes qui fréquentent l’auberge: Henry Moret, Chamaillard, Charles Laval et Emile Bernard.

1889. Il rejoint le clan de Gauguin et adopte l’esthétique du groupe, sa rencontre avec ce groupe modifie son approche de la peinture qui devient rapidement synthétique.

1891. Il loge à Lézaven dans l’atelier où travaille Gauguin et où les autres artistes se retrouvent. Il fait la connaissance de Maufra.
A l’hôtel de Bretagne il fait la connaissance d’une jeune serveuse de 19 ans Catherine Guyader qui deviendra sa compagne et la mère de ses enfants.
L’envie de changer d’air l’emmène à embarquer sur un brick commandé par le capitaine Cannevet, celui-ci à destination de la Finlande fait naufrage au large de Riga, il devra y séjourner plusieurs semaines.

1892. Au printemps, après cette malheureuse aventure dans laquelle périra la femme du commandant, il rentre à Pont-Aven et s’installe avec Catherine Guyader, dans la maison Guéguen, route de Concarneau, proche de l’atelier loué par Gauguin, Moret et Emile Bernard.
Naissance de son premier enfant (Marthe).

1893. Naissance de son deuxième enfant, Yann.

1894. Participe à une sortie Concarnoise avec Seguin, Roderic O’Conor, Paul Gauguin et Anna la Javanaise. Fâcheuse équipée, qui causée par la compagne de Gauguin dégénère en bagarre avec les marins sur le port et laisse Gauguin la cheville cassée.

Émile Jourdan : de 1896 à 1968

1896. Naissance de sa fille Renée.
Jourdan est grand seigneur et aime à recevoir ses amis artistes qu’il accueille avec largesse. Parmi eux on y retrouve Sérusier, Filiger, Moret, Chamaillard…

1901. Naissance de son fils Guy.

1905. Lors d’un passage à Pont-Aven, Maurice Denis lui rend visite.

1907. Avec la disparition de sa mère et la dilapidation de l’héritage, les ennuis vont s’accumuler. Lui et sa famille sont expulsés de leur logement par la logeuse, qui fait saisir pour loyers impayés. Ses meubles et ses tableaux sont vendus aux enchères.

1910. Poussée par la misère, Catherine Guyader décide, afin de subvenir aux besoins des enfants, de se placer à Brest et trouve un emploi dans un hôtel.

1911-1920. Jourdan fait de fréquents séjours à Brigneau, dans l’auberge de la mère Bacon fréquentée par Raymond d’Orgelès et Pierre Mac-Orland. « Si le temps se maintient, demain je prendrai ma boîte et j’irai brosser une pochade rapidement. C’est merveilleux », dit le personnage Désiré Pointe, alias Emile Jourdan, dans le Chant de l’équipage de Pierre Mac Orlan en 1918. A deux pas de l’auberge, c’est le sentier des douaniers où, le carnet de dessins à la main, il arpente la côte et croque les ramasseurs de goémon ou les bateaux échoués dans les tempêtes.

1920-1930. Isolé, loin des siens et totalement démuni, Jourdan a une existence solitaire. Il loge toujours à Pont-Aven dans un grenier sur la route de Bannalec et continue de travailler. Une riche australienne, Madame Halley, devient son mécène en 1927 mais devant le refus de l’artiste de travailler sur commande, au bout d’un an, suspens ses subsides.

1931. le 29 Décembre, usé par une vie de privation et l’alcoolisme, Emile Jourdan décède à l’hospice de Quimperlé.

1968. ses enfants feront revenir ses cendres au cimetière de Pont-Aven.
Emile Jourdan est l’image même de l’artiste bohème, de l’artiste maudit, qui malgré un talent évident ne parvient pas à s’imposer. Il est incapable de défendre son talent et se laisse vivre au gré des évènements, il ne prend jamais son destin en main. Pour autant le personnage est très attachant. Il nous laisse une oeuvre originale, qui quoiqu’en ait dit Gauguin ne fait pas du “sous Moret “. Son style est unique, parmi les artistes du groupe, il ne peut être confondu avec aucun autre. Jourdan a un sens inné de la structure interne, il sait aller à l’essentiel et interprète dans un style japonisant les paysages bretons.